Presse : Robert Spatz, «un imposteur, un escroc, un esclavagiste des temps modernes et un violeur»

Paru dans l’Avenir 25 Avril 2018

La culpabilité de Robert Spatz, chef spirituel de la communauté bouddhiste Ogyen Kunsang Choling (OKC), a été requise en appel. Le «gourou» des années 80 est menacé de 4 ans de prison «minimum» pour des faits d’escroquerie, blanchiment d’argent et viol.

L’avocat général Jean-François Godbille a requis, mardi après-midi, la culpabilité du chef spirituel de la communauté bouddhiste Ogyen Kunsang Choling (OKC), Robert Spatz, pour des faits d’escroquerie, de blanchiment d’argent et de viol. Il a estimé que la peine de 4 ans de prison prononcée en première instance devait au minimum être confirmée, voire aggravée d’un an supplémentaire. Dans ce dossier, l’OKC, quelques-uns de ses membres et son chef spirituel Robert Spatz sont prévenus entre autres pour des délits financiers, des infractions à la législation du travail mais aussi pour prise en otage d’enfants.

L’avocat général Jean-François Godbille a requis, au terme d’un réquisitoire de 6 heures, la culpabilité de Robert Spatz pour diverses préventions touchant à la manière dont il a géré l’OKC, une communauté religieuse qu’il avait fondée dans les années 1970 à Bruxelles.

L’avocat général a décrit l’intéressé comme le gourou d’une secte, comme «un imposteur, un escroc, un esclavagiste des temps modernes et un violeur».

Il a soutenu que cet homme avait soutiré des sommes d’argent importantes aux adeptes de l’OKC et avait ensuite blanchi cet argent. Il a aussi considéré qu’il avait contraint les adeptes à travailler bénévolement dans des restaurants et des magasins qui généraient des bénéfices importants.

L’avocat général a également requis une peine de 2 ans de prison avec sursis à l’encontre de B., qui a secondé Robert Spatz dans ses activités, et notamment dans ses opérations financières.

Il a ensuite requis la suspension du prononcé concernant l’épouse et le fils de Robert Spatz ainsi qu’un membre de l’OKC qui avait agi comme comptable au sein de celle-ci.

Enfin, l’avocat général a requis la confiscation de tous les biens immobiliers de l’ASBL OKC et de Robert Spatz, estimant qu’ils ont été acquis grâce à des fonds issus d’infractions.

Selon le ministère public, sur le plan des infractions à la législation du travail, il apparaît clairement des rapports d’enquête que les différentes sociétés qui géraient les restaurants et les magasins avaient été créées pour permettre à l’ASBL OKC d’avoir des activités lucratives.

Selon lui, les personnes qui travaillaient dans ces établissements auraient dû être soumises à la législation du travail. Elles auraient dû agir dans le cadre de contrats, bénéficier d’un salaire et d’une assurance maladie-invalidité, car tout montre qu’elles y travaillaient sous les ordres de quelqu’un, «quitte à reverser ensuite une partie de leur salaire sous forme de dons à la communauté OKC», a ajouté l’avocat général.

«Cette façon d’arracher des enfants à leurs parents est d’une violence morale totale »

Le représentant du ministère public a également demandé de déclarer la prévention de prise en otage d’enfants entre 1999 et 2009 établie à charge de l’ASBL OKC, ainsi que celle d’organisation criminelle.

«Cette façon d’arracher des enfants à leurs parents est d’une violence morale totale ! On a trompé ces parents, ces adeptes de l’OKC qui auraient tout fait plutôt que perdre leur vie spirituelle. On a abusé de leur crédulité », a-t-il dit.

Enfin, l’avocat général a requis la culpabilité de Robert Spatz pour le viol d’une jeune femme de la communauté OKC. Même si celle-ci s’est par la suite rétractée, affirmant qu’elle était amoureuse de Robert Spatz et qu’elle avait déposé plainte sous le coup de la colère et de la frustration, le contexte de dévoilement des faits est clair, d’après le ministère public.

Le rappel des faits

La communauté bouddhiste Ogyen Kunzang Choling (OKC), son chef spirituel Robert Spatz et certains de ses membres sont prévenus devant la cour d’appel de Bruxelles pour des délits financiers, des infractions à la législation du travail mais aussi pour des faits de prise en otage d’enfants.

Le second est également prévenu pour abus sexuels sur des filles et des femmes qui faisaient partie de l’OKC.

Cette communauté avait été fondée à Bruxelles en 1972 par Robert Spatz, appelé le Lama Kunzang Dorjé. Cet homme charismatique avait réuni autour de lui de nombreuses personnes en quête de spiritualité, notamment des couples avec enfants, séduits par l’idée d’une vie en communauté.

Malnutrition

Entre les années 1980 et 2000, les enfants des membres avaient été envoyés dans des propriétés de l’OKC au Portugal et en France, notamment au domaine Château-de-Soleils à Castellane en Provence. Certains, constitués partie civile au procès, disent y avoir subi des actes de maltraitance et y avoir souffert de malnutrition.

Pendant ce temps, les parents, eux, travaillaient à Bruxelles dans des restaurants et des magasins de l’OKC sans être payés, selon l’enquête.

Enfin, en 1995, une jeune femme de cette communauté avait affirmé avoir été victime d’abus sexuels du « lama », Robert Spatz. D’autres femmes (mineurs au moment des faits) avaient ensuite dit avoir également été abusées sexuellement par celui-ci.

En 1997, une opération franco-belge avait mené des perquisitions en région bruxelloise et à Castellane. Une enquête approfondie avait ainsi été entamée pour diverses infractions supposées, du délit financier aux faits de mœurs, et avait débouché sur un renvoi en correctionnelle de la communauté et de certains de ses responsables.

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