Lettre ouverte à Robert Spatz d’un lecteur.

Cher Robert,

Tu dois te demander pourquoi une lettre ouverte plutôt qu’un courrier privé : c’est simplement parce que je pense que son contenu pourra peut-être profiter aussi à d’autres.

Comme tout bouddhiste le sait – et comme toutes les religions l’enseignent – notre devenir posthume dépend de nos actions ici-bas, de leurs intentions, de nos pensées, de nos paroles et, particulièrement, de notre état psychique et spirituel au moment de la mort, en ce sens qu’un repentir sincère suivi d’une réparation des dommages causés peut effacer bien des péchés et déraciner des vices cachés. Nous nous connaissons depuis plus de 50 ans et pourtant je ne sais pas si tu as commis ou non ce qu’on te reproche.

Tout ce que je sais, c’est qu’il n’y a aucune commune mesure entre l’épreuve de la prison, même à vie, et le supplice des états infernaux. Aussi, si tu es coupable d’une partie ou de tout de ce dont on t’accuse, je ne puis que te presser de l’avouer, de reconnaître que tu mérites la prison, de t’excuser sincèrement auprès de chaque personne lésée en lui offrant un dédommagement pécuniaire. Et si ton avenir dans l’autre monde ne te préoccupe pas – bien que nul n’échappe à la loi du karma –, fais-le au moins pour l’amour de la vérité et la compassion de ceux dont tu aurais abusé, si abus il y a eu ; ces deux motifs devraient même venir en premier.

Mais, comme tu le sais, la réparation d’un mal ne constitue qu’une demi-mesure si elle n’est pas accompagnée de l’extirpation des racines du mal, c’est-à- dire si nous ne prenons pas conscience de nos défauts de caractère et de nos vices. Certains parlent à ton sujet d’ambition, de mégalomanie, de mythomanie, de manipulation, d’égocentrisme, d’amoralité, d’immoralité sexuelle, etc. Si on me reprochait tous ces défauts, je n’aurais d’autre choix que de les examiner un à un – de préférence avec l’aide d’autrui –, en me demandant le plus objectivement possible, au plus profond de moi-même, sans aucune complaisance vis-à- vis d’un ego toujours prêt à s’auto-pardonner si, d’une part, je possédais bien tels vices au moment des faits et si, d’autre part, je les possède toujours ; ensuite, si la réponse est « oui », du fond de ma détresse et de ma conscience d’être un moins que rien, je m’appliquerais à me rapprocher, jour après jour et dans la mesure de mes moyens, des vertus qui leur sont opposées.

Cette tentative de conversion serait un premier pas vers une possible guérison et vers une renaissance moins redoutable que celle que je mériterais si les accusations étaient fondées et les vices effectifs. A moins d’être très déséquilibré, il est impossible que nous n’ayons pas le sens du bien et du mal ; sur le plan humain, ce ne sont pas des notions relatives, n’est-ce pas ?

Que Dieu te vienne en aide (ce n’est pas très bouddhiste mais tu comprends…), soit pour te défendre si tu es innocent, soit pour avouer si tu ne l’es pas.

Thierry

2 mai 2016

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