Dans la “prison invisible” des victimes du gourou #okcproces #okcinfo

Dans la prison invisible des victimes de Robert Spatz alias Lama Kunzang Le procès de la secte OKC (Ogyen Kunzang Chöling) a été le théâtre, hier, d’un témoignage dévastateur pour la défense. Julie (prénom d’emprunt, NdlR.) a longuement raconté sa vie sous la houlette du “lama”, entourée des enfants perdus de la secte.

Née de parents membres d’OKC, cette trentenaire avait toujours vécu dans le vase clos du Château de Soleils, la résidence de la communauté, dans le Sud de la France. La première fois que Julie a rencontré Spatz, celui-ci lui a donné son nom bouddhiste : Yangshen, “comme s’il m’avait toujours connu.”

Après douze années à vivre en France, elle déménage avec d’autres adolescents de son âge au monastère de Mu, au Portugal, dans les années 1990. “C’était un camp d’entraînement où l’on se préparait à la fin du monde bouddhiste.” Vers ses 13 ans, les adolescents ont été rejoints par Spatz “et sa bande de gitans, dont mes parents faisaient partie. C’est là qu’ont commencé les premières fêtes où l’on nous servait de l’eau-de-vie. Spatz décidait de la cadence avec laquelle on ingurgitait la boisson. Il fallait vider son verre à chaque fois qu’il utilisait le mot “familia.”

Les orgies se succèdent jusqu’au jour où une certaine , “probablement la maîtresse de Spatz” , fait signe à Julie de rejoindre le “lama” dans ses appartements privés. Il sentait Habit Rouge de Guerlain, son parfum fétiche. “Il m’a demandé si je savais garder un secret. Je n’avais pas envie de le décevoir. Il m’a demandé de rester pure, de ne pas flirter avec des garçons. Si j’ébruitais nos discussions, je n’atteindrai pas l’illumination.”

La voix de Julie se fait plus tremblante. Elle appréhende les détails qu’elle va révéler devant le tribunal. “Je n’en ai jamais parlé avant le mois de décembre 2015. J’ai dit que j’ai été victime d’attouchements mais sans jamais aller jusque dans les détails sordides. Ce dont je me souviens, c’est qu’il a touché mes parties génitales et mes seins, pour “faire circuler l’énergie”. Plus précisément, lors de leurs têtes-à-têtes, le gourou, dont le sexe était sorti de ses vêtements, lui a demandé “de le branler en lui faisant mal, en respiration et en prière. Je vivais chez lui, toutes les fois où il m’appelait, je venais. J’étais à sa disposition” , lâche Julie. Elle évoque également des caresses avec “un objet qui faisait des décharges électriques.”

Quinze ans après les faits, Julie est toujours en reconstruction. “J’étais émotionnellement isolée. Je ne pouvais partager mon secret avec personne. C’était une prison invisible. Ne pas pouvoir en parler, c’est ce qui m’a fait le plus de mal” , souffle-t-elle d’une voix manquant de craquer.

Puis vient 1997, année des perquisitions et de l’incarcération de Spatz. “Quelqu’un a dit que Robert Spatz avait commis des abus sexuels. Je me souviens avoir pensé : “qui peut en vouloir à notre lama ?” Je me suis dit que ces faits pourraient me concerner mais j’ai vite chassé ces pensées ‘négatives.”

Malgré ses ennuis judiciaires, Spatz continue son travail de sape. À la fin des années 1990, il vit à Bruxelles. Julie le rejoint. Elle loge chez lui, prépare la cuisine de son gourou et des participants aux retraites bouddhistes. “J’ai travaillé à son service durant des mois. De ces années, je me souviens de sa langue dans ma bouche avec sa salive froide.” Finalement, Julie a pu rompre le lien. Elle a repris des études, avec difficultés, tant scolaires que relationnelles. Mais elle a progressé. “Il y a un an et demi, j’ai eu un enfant. C’est aussi pour lui que je suis là aujourd’hui.”

un article la DH signé Ju. B.

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